
En résumé :
- Le burnout n’est pas une fatalité mais un processus graduel, précédé par 8 signaux détectables jusqu’à 2 mois à l’avance.
- Mettre en place un “tableau de bord mental” hebdomadaire avec 5 questions clés permet de quantifier votre état et d’objectiver la dérive.
- La différence entre un simple “coup de blues” et une dépression naissante repose sur 3 critères mesurables : la durée, l’intensité et la multiplicité des sphères de vie affectées.
- Des protocoles d’urgence et une architecture de vie “anti-fragile” sont essentiels pour intervenir avant la crise et construire une résilience à long terme.
Vous avez déjà connu cette descente. L’épuisement qui ne part pas, même après un long week-end. Cette impression de courir un marathon sans ligne d’arrivée, où chaque tâche devient une montagne. Pour vous, qui avez déjà traversé une ou plusieurs tempêtes de burnout, de dépression ou d’anxiété, le discours habituel sur le bien-être sonne creux. Les conseils génériques comme “prenez du temps pour vous” ou “gérez votre stress” sont au mieux insuffisants, au pire insultants face à la complexité de ce que vous vivez.
Ces approches passives échouent parce qu’elles traitent les symptômes de manière isolée et souvent trop tard. Elles ignorent la phase critique, ces 4 à 8 semaines avant l’effondrement où tout se joue en coulisses. Le problème n’est pas que votre corps et votre esprit ne vous parlent pas; c’est que vous n’avez pas le bon décodeur pour comprendre leur langage avant que le cri ne devienne assourdissant. Vous avez besoin non pas de plus de repos, mais d’un meilleur système de surveillance.
Et si la véritable clé n’était pas de “gérer” passivement le stress, mais de construire activement un système d’ingénierie personnelle ? Un véritable tableau de bord prédictif pour votre santé mentale. L’objectif de cet article n’est pas de vous donner une liste de choses à faire quand tout va mal, mais de vous fournir un cadre pour calibrer, quantifier et agir sur des seuils d’alerte précis *avant* que l’effondrement ne devienne inévitable. C’est une approche préventive, conçue spécifiquement pour le contexte québécois, pour ceux qui ont décidé de ne plus subir mais d’anticiper.
Nous allons d’abord identifier les 8 signaux que vous ignorez systématiquement, puis nous construirons votre outil d’auto-évaluation hebdomadaire. Ensuite, nous tracerons une ligne claire entre fatigue passagère et état dépressif, avant de définir un protocole d’urgence. Enfin, nous explorerons les pièges de l’auto-guérison et les stratégies pour bâtir une vie qui résiste aux chocs.
Sommaire : Votre tableau de bord pour anticiper la détresse mentale
- Les 8 signaux que vous ignorez pendant 2 mois avant de vous effondrer en burnout
- Comment évaluer votre santé mentale chaque dimanche en 10 minutes avec 5 questions clés
- Coup de blues de 5 jours ou début de dépression : comment savoir quand consulter un professionnel
- Votre protocole d’urgence à appliquer quand 3 de vos 8 signaux d’alarme s’allument en même temps
- Les 5 tentatives de vous soigner seul qui empirent votre anxiété ou dépression sans que vous le réalisiez
- L’erreur des nouveaux urbains qui mène au burnout en 8 mois : ne jamais s’extraire du bruit
- Comment créer votre protocole anti-panique à appliquer quand le marché chute de 15% en 10 jours
- Comment construire une vie qui ne s’effondre pas totalement quand un pilier majeur s’écroule
Les 8 signaux que vous ignorez pendant 2 mois avant de vous effondrer en burnout
L’effondrement en burnout n’est jamais soudain. C’est l’aboutissement d’un long processus de dégradation silencieuse, marqué par des signaux d’alarme que nous avons appris à rationaliser, minimiser ou tout simplement ignorer. Ce ne sont pas des feux rouges clignotants, mais plutôt des voyants orange qui s’allument discrètement sur votre tableau de bord interne. Les identifier n’est pas une question d’introspection vague, mais d’observation factuelle. Pour une personne ayant déjà connu un épisode sévère, reconnaître ces signes précoces est la première ligne de défense contre une rechute. Ce sont des données, pas des états d’âme.
En pratique, ces signaux se manifestent bien avant que la situation ne devienne critique. Voici les huit indicateurs clés, souvent présents de manière combinée pendant les deux mois qui précèdent la rupture :
- La fatigue chronique irrécupérable : Le sommeil et les week-ends ne suffisent plus. Vous vous réveillez aussi fatigué que la veille. C’est le signal que votre corps ne parvient plus à recharger ses batteries.
- L’hyperactivité paradoxale : Face à l’épuisement, vous redoublez d’efforts. Les heures supplémentaires deviennent une fuite en avant, une tentative désespérée de reprendre le contrôle en faisant “plus”, alors que le système demande “moins”.
- Le cynisme et la distanciation émotionnelle : L’humour noir devient votre principal mode de communication. Vous vous détachez de vos collègues, de vos clients ou de votre mission. C’est un mécanisme de protection qui vous isole.
- Les troubles du sommeil persistants : Les insomnies de milieu de nuit (réveil vers 3-4h du matin) ou les réveils précoces avec une anxiété matinale sont des marqueurs classiques. Le cerveau, en surrégime, ne parvient plus à se déconnecter.
- Les micro-signaux somatiques : Votre corps parle. Un besoin fréquent de soupirer, un serrement constant de la mâchoire, des difficultés à trouver vos mots ou une sensation d’oppression thoracique sont des signaux tangibles de surcharge.
- Le retrait social préventif : Vous commencez à annuler des sorties, non pas par manque d’envie, mais par anticipation de l’épuisement que cela va engendrer. Vous gérez votre énergie en coupant les liens sociaux.
- La perte de confiance et l’auto-dépréciation : Le moindre échec est perçu comme une catastrophe, la moindre critique comme une validation de votre incompétence. Votre dialogue interne devient un juge sévère.
- La difficulté à se projeter : Penser à la semaine prochaine, aux prochaines vacances, ou à un projet futur devient un effort insurmontable. L’horizon temporel se rétrécit au jour le jour, voire à l’heure qui vient.
Reconnaître un ou deux de ces signaux est normal. C’est leur accumulation et leur persistance qui constituent le véritable seuil d’alerte. Les ignorer, c’est comme continuer à rouler avec plusieurs voyants allumés, en espérant que le problème se règle de lui-même.
Comment évaluer votre santé mentale chaque dimanche en 10 minutes avec 5 questions clés
Détecter les signaux est une chose, mais les suivre de manière structurée en est une autre. Pour éviter de se perdre dans des impressions subjectives, il est essentiel de mettre en place un système de monitoring simple et régulier. Pensez-y comme à votre propre tableau de bord mental. Le dimanche soir est un moment idéal pour ce rituel : il permet de faire le point sur la semaine écoulée et d’anticiper la suivante sans la pression immédiate du lundi matin. L’objectif n’est pas de se juger, mais de collecter des données objectives sur votre état interne.
Ce processus ne doit pas prendre plus de 10 minutes. Il s’agit de répondre à cinq questions ciblées, conçues pour quantifier des aspects souvent perçus comme purement qualitatifs. Notez vos réponses dans un carnet dédié, un document ou une application. L’important est de pouvoir comparer les tendances d’une semaine à l’autre.

Voici les 5 questions clés pour votre évaluation hebdomadaire :
- Question 1 : Quelle a été ma “latence de démarrage” moyenne ce matin ? Sur une échelle de 1 (fonctionnel dès le réveil) à 5 (besoin de plus d’une heure pour émerger), évaluez le temps nécessaire entre votre réveil et votre capacité à fonctionner. Une latence qui s’allonge est un signe d’épuisement profond.
- Question 2 : Combien de fois ai-je cherché un “plaisir tampon” ? Estimez la fréquence à laquelle vous avez utilisé le scrolling sur les réseaux, le grignotage ou toute autre distraction pour éviter une tâche ou une émotion désagréable. Ce comportement d’évitement est un indicateur de charge mentale.
- Question 3 : Mon dialogue interne était-il plutôt un coach ou un critique cette semaine ? Évaluez le ratio. Était-il majoritairement encourageant et constructif, ou au contraire, dévalorisant et accusateur ?
- Question 4 : Mon niveau d’énergie était-il en phase avec la saison ou anormalement bas ? Au Québec, il est normal d’avoir moins d’énergie en novembre qu’en juillet. Comparez votre état actuel non pas à un idéal, mais à ce qui est normal pour vous à cette période de l’année.
- Question 5 : Ai-je ressenti un plaisir ou un intérêt sincère dans au moins trois activités différentes ? Listez ces moments, même brefs. L’incapacité à ressentir du plaisir (anhédonie) est un symptôme central de la dépression et du burnout.
Pour ceux qui souhaitent une approche plus formalisée, des outils comme l’échelle BSM-10 (Brief Symptom Measure), recommandée pour mesurer le syndrome d’épuisement professionnel, peuvent offrir un cadre standardisé. Ces outils permettent de tracker objectivement l’évolution des symptômes et de valider les tendances observées avec votre propre tableau de bord.
La clé est la régularité. Ce n’est pas une seule mesure qui est parlante, mais la courbe que dessinent les points semaine après semaine. C’est cette courbe qui vous alertera d’une dérive bien avant que vous ne touchiez le fond.
Coup de blues de 5 jours ou début de dépression : comment savoir quand consulter un professionnel
Une des plus grandes difficultés dans l’auto-surveillance est de faire la part des choses. Est-ce un simple “coup de blues”, une fatigue passagère liée à une semaine difficile, ou le début d’une véritable glissade vers la dépression ou l’épuisement ? La peur de sur-réagir ou, à l’inverse, de minimiser un problème sérieux peut paralyser. Heureusement, il existe des critères objectifs pour distinguer une fluctuation normale de l’humeur d’un signal d’alerte qui nécessite une consultation professionnelle. La différence ne se situe pas dans la nature du symptôme (tristesse, fatigue), mais dans son ampleur.
Pour objectiver votre situation, vous pouvez utiliser la règle des 3 dimensions : la durée, l’intensité et la multiplicité. Un blues passager a un impact limité sur ces trois axes, tandis qu’un trouble plus sérieux les affecte de manière significative. Le tableau suivant synthétise cette distinction et vous donne des seuils clairs pour savoir quand il est temps de demander de l’aide.
| Dimension | Blues passager | Signal d’alerte | Consultation nécessaire |
|---|---|---|---|
| Durée | < 1 semaine | 1-2 semaines | > 2 semaines persistantes |
| Intensité | Impact < 25% sur fonctionnement | Impact 25-50% | Impact > 50% sur capacité de travail |
| Multiplicité | 1 sphère affectée | 2 sphères affectées | 3+ sphères (travail, social, famille, perso) |
Si vos auto-évaluations vous placent dans la colonne “Consultation nécessaire” pendant deux semaines consécutives, il est impératif d’agir. Au Québec, le parcours de soins en santé mentale offre plusieurs portes d’entrée. Votre médecin de famille est souvent le premier interlocuteur. Il peut poser un diagnostic, prescrire un arrêt de travail si nécessaire et vous orienter. De plus, une ressource souvent sous-utilisée est le Programme d’Aide aux Employés (PAE). Comme le rappelle la Commission de la santé mentale du Canada, de nombreux employeurs canadiens offrent un PAE qui donne accès à un nombre défini de séances de consultation gratuites et confidentielles. Enfin, les plateformes de télémédecine québécoises et canadiennes, comme Maple ou Dialogue, permettent un accès rapide à des professionnels, un avantage considérable quand l’énergie manque pour entreprendre des démarches complexes.
Consulter n’est pas un aveu d’échec, mais un acte d’ingénierie personnelle. C’est utiliser l’expertise externe pour réparer une avarie système que vous ne pouvez pas régler seul. Attendre que le système s’effondre complètement rendra la réparation plus longue et plus coûteuse.
Votre protocole d’urgence à appliquer quand 3 de vos 8 signaux d’alarme s’allument en même temps
Imaginons le scénario : votre tableau de bord hebdomadaire vire au rouge. La fatigue est profonde, le cynisme s’installe, et vous commencez à annuler vos plans. Trois de vos huit signaux d’alarme principaux sont actifs simultanément. C’est un seuil critique. À ce stade, il ne s’agit plus de “tenir le coup” mais d’activer un protocole d’urgence, un disjoncteur préventif pour éviter la surcharge totale du système. L’enjeu est de taille : ne pas intervenir à ce stade augmente drastiquement le risque d’un arrêt prolongé ou d’une hospitalisation. Pour mettre cela en perspective, le Canada a enregistré près de 6 millions de jours d’hospitalisation pour des problèmes de santé mentale en 2023-2024, un chiffre qui illustre le coût humain et social de l’intervention tardive.
Ce protocole n’a pas pour but de “résoudre” le problème de fond, mais de créer un espace de décompression immédiat pour stopper l’escalade. Il doit être simple, rapide et quasi automatique. Voici un protocole en 5 étapes à appliquer sans réfléchir dès que le seuil de 3 signaux est atteint.
Votre plan d’action d’urgence : Le protocole du disjoncteur préventif
- Réinitialisation sensorielle immédiate : Passez 30 secondes d’eau très froide sur votre visage et l’intérieur de vos poignets. Cette action simple active le nerf vague, ce qui aide à ralentir le rythme cardiaque et à sortir du mode “combat-fuite”.
- Exécution d’une tâche de complétion simple : Choisissez une action avec un début et une fin clairs et rapides. Ranger une pile de papiers, répondre à UN seul courriel facile, ou nettoyer votre plan de travail. Le but est de regagner un micro-sentiment de contrôle et d’efficacité.
- Marche sans destination de 15 minutes : Sortez marcher, impérativement sans podcast, sans musique, sans appel téléphonique. L’objectif est de permettre à votre cerveau de “défragmenter” en traitant passivement les stimuli environnants, sans lui imposer une charge cognitive supplémentaire.
- Utilisation d’un script de communication : Envoyez un message simple à un proche de confiance : “Alerte orange pour moi. Pas besoin de solutions, juste que tu le saches.” Cela brise l’isolement sans mettre la pression d’avoir à “régler” le problème.
- Planification d’un jour de congé “santé mentale” : Ouvrez votre agenda et posez immédiatement un jour de congé dans les 7 prochains jours. Le simple fait de le planifier crée une perspective de répit et valide la légitimité de votre besoin.
L’efficacité de ce disjoncteur repose sur son application immédiate et non négociable. Le “vous” en détresse n’a pas la capacité de prendre des décisions complexes. C’est le “vous” prévoyant d’aujourd’hui qui doit préparer le terrain pour lui.
Les 5 tentatives de vous soigner seul qui empirent votre anxiété ou dépression sans que vous le réalisiez
Lorsque les premiers signaux de détresse apparaissent, l’instinct est souvent de tenter de se “réparer” soi-même. Poussés par une culture de la performance et de l’autonomie, nous nous tournons vers des stratégies qui semblent logiques mais qui, en réalité, jettent de l’huile sur le feu. Ces tentatives de contrôle sont souvent des pièges qui aggravent l’isolement et l’épuisement. En reconnaître les mécanismes est crucial pour ne pas saboter ses propres efforts de prévention.
Le premier piège est le “binge-learning” sur la santé mentale. Vous passez des heures à lire des articles, écouter des podcasts et regarder des vidéos sur le burnout et la dépression. Cette hyper-consommation d’informations crée l’illusion d’agir, mais elle paralyse l’action concrète. Elle peut même augmenter l’anxiété d’auto-diagnostic et vous faire douter de la légitimité de consulter un professionnel, car vous pensez pouvoir “tout comprendre” seul. C’est une forme de procrastination productive qui retarde la véritable prise en charge.

Voici quatre autres tentatives d’auto-guérison contre-productives :
- Le sur-investissement dans une solution unique : Vous décidez que le sport, la méditation ou un nouveau régime alimentaire est LA solution. Vous vous y jetez à corps perdu, transformant une activité saine en une nouvelle source de pression et de culpabilité si vous manquez une séance.
- L’isolement pour “se protéger” : Convaincu que vous manquez d’énergie, vous coupez toutes les interactions sociales “non essentielles”. Si cela peut sembler reposant à court terme, cela vous prive de soutien social, un facteur de protection majeur contre la dépression.
- La rationalisation excessive des symptômes : “Je suis juste fatigué à cause de ce gros projet”, “C’est normal d’être irritable avec la pression actuelle”. Vous trouvez des explications logiques à chaque signal d’alarme, ce qui vous empêche de voir le tableau d’ensemble : la dégradation systémique de votre état.
- L’application du “sur-optimisme toxique” : C’est une erreur subtile mais dévastatrice. Vous vous forcez à “penser positif”, à pratiquer la gratitude de manière forcée et à invalider vos propres émotions négatives.
Comme le souligne la psychologue Pauline George :
Le sur-optimisme toxique consiste à se forcer à ‘penser positif’, pratiquer la gratitude forcée et invalider ses propres émotions négatives. Cette répression émotionnelle est énergivore et retarde la prise de conscience du problème.
– Pauline George, Psychologue spécialisée en santé mentale
La véritable auto-guérison ne consiste pas à ajouter plus de pression ou à ignorer les signaux, mais à appliquer des protocoles validés et, surtout, à savoir quand demander une expertise extérieure.
L’erreur des nouveaux urbains qui mène au burnout en 8 mois : ne jamais s’extraire du bruit
Pour de nombreux Québécois, en particulier ceux qui s’installent dans les grands centres comme Montréal, l’environnement urbain lui-même est un facteur de stress chronique majeur. Le bruit constant, la surstimulation visuelle, la pression de la foule… C’est un environnement qui maintient le système nerveux en état d’alerte permanent. L’erreur fondamentale que commettent beaucoup de nouveaux urbains est de ne jamais planifier activement des moments d’extraction de cet environnement. Ils attendent d’être épuisés pour “partir en nature”, alors que cela devrait faire partie de l’hygiène de vie préventive. Le stress lié au travail est déjà une charge immense, comme le montrent les données indiquant que plus de 4 millions de Canadiens éprouvent du stress élevé au travail; y ajouter une charge environnementale sans soupape de décompression est une recette pour l’épuisement en moins d’un an.
L’antidote n’est pas de fuir la ville, mais d’intégrer des stratégies de micro-extraction urbaine dans sa routine. Il ne s’agit pas de grandes expéditions, mais de gestes réguliers qui offrent au cerveau un répit sensoriel. Pour un citadin canadien, ces stratégies peuvent et doivent être adaptées aux réalités locales et saisonnières.
Voici quelques stratégies de micro-extraction concrètes et adaptées :
- Intégrer les grands parcs urbains comme des rendez-vous non négociables : Planifiez une marche de 30 minutes dans le parc du Mont-Royal, High Park à Toronto ou le parc Stanley à Vancouver dans votre agenda, au même titre qu’une réunion de travail.
- Planifier des sorties hebdomadaires dans le réseau de la SEPAQ ou les parcs provinciaux : Même en hiver, une sortie d’une demi-journée pour faire de la raquette ou simplement marcher en forêt est un “reset” puissant. La proximité de ces espaces est un atout majeur au Canada.
- Pratiquer la règle des “20 minutes de nature” quotidiennes : Des études ont prouvé que passer seulement 20 minutes dans un espace où l’on se sent en contact avec la nature peut significativement réduire les niveaux de cortisol, l’hormone du stress. Un parc de quartier, un bord de fleuve ou même un jardin communautaire suffit.
- Créer des zones “sans stimulation” à la maison : Aménagez un coin de votre appartement (même un simple fauteuil) où les écrans sont interdits, la lumière est tamisée et le silence est la règle. C’est un sanctuaire pour votre système nerveux.
- S’inscrire à des activités hivernales typiquement canadiennes : Le patinage sur un canal gelé, le ski de fond ou la raquette ne sont pas que des loisirs. Ce sont des formes de pleine conscience actives qui forcent une connexion au moment présent et à l’environnement.
Considérez ces moments non comme des luxes, mais comme des opérations de maintenance essentielles pour votre système. Ne pas s’extraire du bruit, c’est comme faire tourner un moteur en permanence en zone rouge.
Comment créer votre protocole anti-panique à appliquer quand le marché chute de 15% en 10 jours
La détresse mentale n’est pas uniquement liée au travail. Pour beaucoup, l’anxiété financière est un déclencheur majeur, capable de faire dérailler un équilibre déjà fragile. Une chute brutale des marchés boursiers, une nouvelle sur l’inflation ou la peur de perdre son emploi peuvent activer la même réponse de panique que des pressions professionnelles. La volatilité économique est une nouvelle constante, et son impact sur la santé mentale est indéniable. Selon une étude de décembre 2023, 41% des Canadiens ressentent que les pressions financières nuisent à leur bien-être mental. Sans un protocole pour gérer cette anxiété spécifique, les décisions prises sous le coup de l’émotion peuvent être catastrophiques, tant pour vos finances que pour votre santé.
L’approche la plus efficace pour contrer la panique financière s’inspire de la thérapie cognitive et comportementale (TCC). La TCC vise à identifier et à modifier les pensées automatiques et les comportements qui alimentent l’anxiété. Appliquée à la finance, elle permet de séparer la réaction émotionnelle (la peur) de l’analyse rationnelle (la stratégie). Votre protocole anti-panique doit donc être un outil pour créer cette séparation.
Voici un protocole en 3 étapes, inspiré de la TCC, à rédiger “à froid” (quand tout va bien) et à appliquer “à chaud” (quand le marché chute) :
- Activer le “sas de décision” de 48 heures : La règle d’or est de s’interdire toute décision d’achat ou de vente pendant les 48 heures qui suivent une nouvelle financière anxiogène ou une chute du marché. Cette pause obligatoire permet à l’amygdale (le centre de la peur dans le cerveau) de se calmer et au cortex préfrontal (le centre de la décision rationnelle) de reprendre le contrôle.
- Relire votre politique de placement personnelle : Ce document, que vous devez rédiger en période de calme, doit stipuler vos objectifs à long terme, votre tolérance au risque et votre stratégie globale. Le relire en période de crise vous ancre dans votre propre rationalité passée et vous rappelle pourquoi vous avez fait ces choix. C’est un rappel à l’ordre de vous-même à vous-même.
- Consulter une tierce partie rationnelle : Cela peut être votre conseiller financier, un ami expert en la matière, ou simplement un forum de discussion d’investisseurs modéré. L’objectif n’est pas de suivre leurs conseils aveuglément, mais de confronter vos pensées paniquées à une perspective extérieure et moins émotionnelle.
Gérer l’anxiété financière, ce n’est pas prédire le marché. C’est avoir un système en place pour gérer vos propres réactions émotionnelles face à l’incertitude, protégeant ainsi à la fois votre portefeuille et votre santé mentale.
À retenir
- La prévention du burnout est un acte d’ingénierie, pas une loterie. Elle repose sur la mise en place d’un système de surveillance actif (le tableau de bord mental) plutôt que sur une réaction passive aux crises.
- La distinction entre un état passager et une alerte sérieuse est quantifiable. La durée, l’intensité et la multiplicité des sphères de vie touchées sont des métriques clés pour décider de consulter.
- La résilience ne se trouve pas dans la force d’un seul pilier (la carrière), mais dans la diversification et l’entretien de multiples piliers de vie (relations, communauté, santé, intérêts) qui créent une structure anti-fragile.
Comment construire une vie qui ne s’effondre pas totalement quand un pilier majeur s’écroule
Toutes les stratégies de détection et d’intervention sont vitales, mais elles ne traitent que la moitié du problème. La question fondamentale est : pourquoi l’effondrement d’un seul pilier de votre vie – souvent la carrière – a-t-il le pouvoir de tout faire basculer ? Pour ceux qui ont déjà vécu un burnout, la réponse est souvent douloureuse : parce que ce pilier soutenait tout le poids de leur identité, de leur estime de soi et de leur structure sociale. Construire une vie résiliente, c’est donc un travail d’architecte : il s’agit de diversifier les points d’appui pour que la structure tienne bon même si une colonne venait à céder.
Cette approche, que l’on pourrait qualifier de conception de vie “anti-fragile”, ne vise pas à éviter les chocs, mais à s’assurer qu’ils ne provoquent pas un effondrement systémique. Cela passe par un audit conscient et régulier de la répartition de votre énergie et de votre identité à travers différents domaines. Un exercice pratique pour cela est l’audit de fragilité de vos piliers de vie.
Plan d’action pour votre audit de résilience
- Points de contact : Listez les 5 piliers fondamentaux de votre vie : Carrière (emploi, projets), Relations (famille, amis, couple), Communauté (bénévolat, clubs), Santé (physique, mentale) et Intérêts (passions, hobbies).
- Collecte : Pour chaque pilier, inventoriez les composantes actuelles qui le constituent. Par exemple, sous “Relations”, listez vos 3 amis les plus proches, votre conjoint, etc. Soyez précis.
- Cohérence : Confrontez chaque composante à vos valeurs fondamentales. Vous draine-t-elle ou vous donne-t-elle de l’énergie ? Est-elle alignée avec la personne que vous voulez être ?
- Mémorabilité/émotion : Pour chaque pilier, repérez les composantes qui vous procurent une joie ou un sens unique (une passion) par opposition à celles qui relèvent de l’habitude ou de l’obligation (une routine générique).
- Plan d’intégration : Identifiez les piliers faibles ou surchargés. Si 80% de votre identité repose sur votre carrière, priorisez activement le renforcement d’un autre pilier, par exemple en vous inscrivant à un cours ou en rejoignant un groupe.
Au Canada, l’importance du pilier “Communauté” est souvent soulignée par les experts en santé mentale. C’est le concept du “troisième lieu”.
L’importance vitale du ‘troisième lieu’ au Canada : s’impliquer dans une ligue de sport amateur, faire du bénévolat, rejoindre un club de plein air crée un sentiment d’appartenance distinct des piliers travail et famille.
– Commission de la santé mentale du Canada, Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale
Passez de la surveillance passive à l’ingénierie active de votre bien-être dès aujourd’hui. C’est le chemin le plus sûr pour construire une vie non seulement réussie, mais surtout, une vie qui dure.