Published on May 16, 2024

En résumé :

  • Le vrai coût d’une assurance n’est pas sa prime, mais le risque financier (le “coût de défaillance”) si elle refuse de payer.
  • Focalisez votre analyse sur les clauses d’exclusion (stabilité médicale, avertissements de voyage) plutôt que sur le seul prix affiché.
  • L’assurance “gratuite” de votre carte de crédit n’est activée que sous des conditions strictes et offre souvent une couverture limitée pour les plus de 65 ans.
  • Un budget de 7 à 12% du coût total de votre voyage est une bonne règle pour une assurance complète et adaptée à votre profil.

Magasiner une assurance voyage ressemble souvent à un véritable casse-tête. Face à une quinzaine d’options allant de 80 $ à plus de 600 $ CAD, le voyageur québécois se sent vite perdu. La peur est double : celle de payer une fortune pour des garanties inutiles, et la hantise de se croire protégé pour finalement faire face à une facture de 45 000 $ CAD pour une jambe cassée au Mexique. On nous conseille de “lire les petits caractères”, mais personne ne nous dit lesquels comptent vraiment. On entend dire que notre carte de crédit nous couvre, sans vraiment comprendre les limites de cette protection.

Cette confusion mène à de mauvaises décisions, motivées par le prix plutôt que par la protection réelle. Pourtant, la véritable valeur d’une assurance ne se mesure pas à ce qu’elle coûte, mais à ce qu’elle vous évite de perdre. L’enjeu n’est pas d’économiser 100 $ sur une prime, mais d’éviter une faillite personnelle suite à un incident médical à l’étranger. Des millions sont ainsi déboursés chaque année par des Canadiens pour des soins qui auraient dû être couverts. Une étude récente a d’ailleurs révélé que les Québécois ont payé plus de 10,3 millions $CAD en 2024 pour se faire soigner dans d’autres provinces canadiennes, une somme qui illustre les limites de la couverture provinciale même à l’intérieur du pays.

L’approche de ce guide est donc différente. Au lieu de vous dire de “comparer les prix”, nous allons vous apprendre à évaluer le “coût de défaillance” de chaque police : le risque financier que vous prenez réellement en choisissant une option plutôt qu’une autre. Nous allons décortiquer ensemble les clauses qui comptent, analyser l’offre de votre carte de crédit de façon réaliste et déterminer le juste prix à payer pour une tranquillité d’esprit absolue, sans gaspiller un dollar.

Cet article est structuré pour vous guider pas à pas, des pièges cachés dans les contrats jusqu’à la budgétisation finale de votre assurance. Vous apprendrez à penser comme un courtier pour faire le choix le plus éclairé pour votre prochain voyage.

Les 8 clauses en petits caractères qui font que votre assurance refuse de payer vos 45 000 $CAD de frais médicaux

La différence entre une assurance qui paie et une qui refuse une réclamation de 45 000 $ CAD se trouve rarement dans le titre de la police, mais bien dans ses exclusions. Comprendre ces clauses, c’est évaluer le “coût de défaillance” de votre contrat. Ignorer ces points, c’est comme conduire sans vérifier ses freins. Certains assureurs comptent sur cette négligence pour limiter leurs déboursements.

Le point le plus critique est sans doute la clause de stabilité médicale. La plupart des polices exigent qu’une condition médicale préexistante (hypertension, diabète, etc.) soit “stable” pendant une période définie, souvent 90 ou 180 jours avant le départ. Un simple changement de dosage de votre médicament par votre médecin peut “briser” cette stabilité et annuler votre couverture pour tout ce qui est lié à cette condition. C’est le piège le plus courant et le plus coûteux pour les voyageurs, particulièrement ceux de plus de 50 ans.

Un autre point de vigilance majeur concerne les avertissements aux voyageurs émis par le gouvernement canadien. Comme le souligne explicitement le gouvernement lui-même, la protection peut être nulle dans certaines zones.

De nombreuses polices d’assurance voyage ne vous couvriront pas si vous vous rendez dans des régions où le gouvernement du Canada a émis un avertissement aux voyageurs leur recommandant « d’éviter tout voyage non essentiel » ou « d’éviter tout voyage ».

– Gouvernement du Canada, Conseils aux voyageurs et avertissements

Enfin, les exclusions liées au comportement sont à scruter. Une blessure survenant après la consommation de plus de deux verres d’alcool, même si l’alcool n’est pas la cause directe de l’accident, peut être un motif de refus. Il en va de même pour la pratique de sports dits “à risque” (plongée sous-marine, ski hors-piste) qui nécessitent souvent un avenant spécifique. Voici les clauses fondamentales à vérifier systématiquement :

  • Clause d’avertissement aux voyageurs : Vérifiez si votre police exclut les destinations avec un avis de niveau 3 (“Éviter tout voyage non essentiel”) ou 4 (“Éviter tout voyage”) émis par le gouvernement du Canada.
  • Clause de stabilité médicale : Confirmez la période de stabilité requise (souvent 90 jours) pour toute condition préexistante et ce qui constitue un “changement” (médication, traitement, hospitalisation).
  • Clause d’intoxication : Assurez-vous de comprendre les limites précises concernant la consommation d’alcool ou de cannabis, même là où c’est légal.
  • Clause d’activation : Pour les assurances de carte de crédit, vérifiez le pourcentage du coût du voyage (souvent 75 %) qui doit être payé avec la carte pour que la couverture soit valide.

Assurance Visa gratuite vs police à 180 $CAD : laquelle pour 12 jours au Costa Rica à 45 ans

La question se pose constamment : l’assurance “gratuite” de ma carte de crédit haut de gamme est-elle suffisante ou dois-je souscrire une police séparée? La réponse dépend entièrement de votre situation et de votre tolérance au “coût de défaillance”. Pour un voyageur de 45 ans en bonne santé partant 12 jours, l’assurance d’une carte comme la TD Visa Infinite peut sembler adéquate à première vue, mais l’analyse des détails révèle des différences fondamentales.

Le premier élément à considérer est le seuil d’activation. L’assurance de votre carte n’est pas automatiquement valide. La plupart des contrats exigent que vous ayez porté une portion significative du coût de votre voyage (généralement 75 % des vols ou de l’hébergement) sur cette carte spécifique. Si vous avez payé avec des points ou une autre carte, votre couverture pourrait être nulle. Une police indépendante, elle, est active dès son achat, sans condition de paiement du voyage.

Vue macro de plusieurs cartes de crédit canadiennes disposées en éventail sur une table
Written by Marc Gagnon, Marc Gagnon est planificateur financier agréé (Pl. Fin.) depuis 16 ans, fellow de l'Institut québécois de planification financière (IQPF) et conseiller en sécurité financière. Il dirige actuellement une équipe de conseillers en gestion de patrimoine dans une firme indépendante de Montréal spécialisée dans l'optimisation fiscale des professionnels et entrepreneurs québécois.